"C’est un visuel qui semble être classique et pourtant, à y regarder de plus près, c’est un détournement. C’est un dessin mais réalisé avec du vernis à ongles. C’est un texte mais il est un fil brodé sur un ruban. C’est un vêtement mais il est en sac poubelle.
Je joue avec les mots et les matériaux pour produire un sens nouveau. J’use de la polysémie et de la phonétique. Je cherche dans l’existant les possibilités qui se cachent pour les mettre en lumière. Pour cela, je choisis le pas de côté et son immédiateté. Je détourne les usages et les messages comme le fait un enfant qui trouve absurde son environnement, un enfant qui veut plus de couleurs, plus de bruits, plus de rires pour échapper à la mélancolie du réel et sublimer son quotidien.
La publicité offre une vision de la société normalisée. Elle est construite sur nos désirs et nos peurs dans le seul but de vider nos comptes bancaires. Je grossis les traits et je caricature nos habitudes de consommation à travers le détournement des codes, des produits et de leurs publicités. Je couds et je peins des sacs poubelles pour leur donner des allures de vêtements de luxe, une façon de raccourcir le cycle de vie d’un produit, sa création étant déjà un déchet. Je dessine avec du vernis à ongles des seins qui ont des conversations absurdes. J’écris avec l’insolence d’un enfant indiscipliné qui ne veut pas rentrer dans le rang.
Inspirée par l’audace d’Oliviero Toscani, l’humour des comédiens Les Nuls, la poésie de René Gruau, le point de vue d’Andy Warhol ou l’esthétique de William Klein, je veux voir au travers des pensées d’Emil Cioran la lumière d’un dessin animé où le coyote n’attrape jamais Bip-Bip."
Cécilie